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  • labarricadejournal

Préparez les drapeaux noirs et les barricades


Hier, 20h, le constat sonnait sans appel, les deux candidats qualifiés pour le second tour sont Emmanuel Macron (27,8%) et Marine Le Pen (23,1%). Le troisième homme de cette élection, dans lequel la social-démocratie traditionnelle, ainsi que quelques libertaires et révolutionnaires ont placé leurs espoirs, arrive avec un score de 22%. Mélenchon n’aurait donc pas réussi le pari de rassembler la gauche ou la France a-t-elle basculé définitivement à droite ? La nuance est de mise.


Même si les militants et militantes de La France Insoumises s’évertuent sur les réseaux à rejeter la faute de cette défaite électorale sur les candidatures de Jadot, Hidalgo ou encore Roussel qui selon eux auraient mieux fait de se retirer, la réalité est bien différente. Un peu de sociologie politique nous permet de remarquer que les villes rouges, bastion du PCF, sont massivement allées voter pour Mélenchon. Avec pour exemple Malakoff où les résultats sont sans appel, la mairie communiste qui a pourtant réalisait une grosse campagne pour le candidat du PCF qui de plus est lui-même venu tracter dans cette ville ne dépassent pas les 6%. Alors que dans le même temps, Mélenchon monte de 6% entre le 1er tour de 2017 et le premier tour de 2022, et ce malgré la présence de Roussel. Mélenchon atteint donc un score de 38,13% dans cette ville. Cette dynamique peut se retrouver au niveau national, où dans plusieurs villes, le candidat de la France insoumise à rassembler grandement le traditionnel électorat de gauche, siphonnant par la même occasion celui des candidatures plus marginales comme Poutou et Arthaud.


La faute de cette défaite politique ne semblerait donc pas tant être l’ego des candidats de gauche refusant une “grande union” mais plutôt le discours employé par la France Insoumise et notamment leur incapacité à récupérer le vote ouvrier.

Effectivement le constat est sans appel, les ouvriers votent désormais majoritairement pour l’extrême droite. Plus de 36% de la classe ouvrière sont allés voter pour Marine Le Pen lors du premier tour. Ce résultat n’est pas dû qu'à la campagne du Rassemblement National, mais il est également dû à une trahison de la gauche social-démocrate qui remonte à des dizaines et dizaines d'années auprès de la classe ouvrière. Cette trahison s'illustre concrètement par une série de réformes détruisant les conquêtes sociales une fois la gauche au pouvoir. Pour n’en citer qu’une, la loi travail sous le gouvernement Hollande en 2016.

Au terme de ce scrutin il ne faut pas que la gauche pleure le champ de ruines laissé, elle en est en partie responsable. Plus de 40 ans de trahison envers les travailleurs, les étudiants, les chômeurs doit se payer un jour, et il se paie malheureusement par un second tour où le choix laissé est celui de l’extrême droite du RN ou de la droite extrême de LREM.

Cependant il ne faut pas oublier d’autre mécanisme entrant en jeu dans cette perte de l’électorat de gauche, notamment l’effacement d’une conscience de classe causé par le libéralisme, les défaites successives des derniers mouvements sociaux mais également la concentration du débat médiatique sur des questions comme la sécurité, l’islam ou l’immigration délaissant les questions de pouvoirs d’achat, ou plus globalement de justice sociale et écologique.


Maintenant que le choix entre l’extrême droite et la droite extrême nous est laissé, que faire ? Les candidats sociaux-traîtres ont appelé à voter pour Macron, comme l’on pouvait l’imaginer, mais certains candidats appellent seulement à ne pas voter pour l’extrême droite, d’autres encore ne donnent aucune consigne de vote.

Refusons de faire le fameux barrage à l’extrême droite, propulsant par la même occasion la droite extrême au pouvoir, détruisant nos conquis sociaux.

Refusons également de laisser le fascisme de l’extrême droite se retrouver au pouvoir. Les deux finalistes du premier tour ne sont que les deux faces d’une même pièce.

L’extrême droite et Macron gouvernent déjà ensemble, ne serait-ce que par une phrase du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, sur un plateau télé, faisant remarquer qu’il trouvait Marine Le Pen “un peu molle”. Laisser passer l’un des deux au second tour n’entraînera qu’une violente destruction de nos conquis sociaux, renforcera la précarité, augmentera les persécutions envers les minorités, durcira l’autoritarisme de l’État et détruira encore plus que jamais la planète. C’est par la rue que le changement se fera et c’est maintenant qu’il doit se faire.


Nombre de politiciens, de militants, envisagent déjà les législatives comme un ultime moyen d’amoindrir les dégâts, une élection encore une fois. Or les législatives ne changeront rien au système actuel, elles ne serviront encore une fois qu'à maintenir l’illusion démocratique en place. Le bloc de gauche à l’assemblée nationale gagnera au mieux quelques élus, et même si une cohabitation venait à se produire, les réformes libérales continueront d’être mises en place.


Ce premier tour des élections présidentielles nous l’a largement démontré, on ne peut rien attendre d’une élection, d’un bulletin dans une urne. Cette mascarade électorale a été mise en lumière de la plus belle des manières, un candidat fasciste propulsé par les médias n’atteint que 7%, un candidat ne faisant aucune campagne hormis un meeting, méprisant les Français durant 5 ans se retrouve en tête du premier tour. Cette élection était jouée d’avance, pourtant l’espoir qu’a suscité la percée de Mélenchon ne doit pas nous voiler la face, c’est par la rue, par des manifestations, par des blocages, par des grèves, par des sabotages que le changement aura lieu.


Une autre chose que révèle cette campagne du premier tour, et le déchaînement d’énergie, parfois violent, qu'ont subi les abstentionnistes et les anarchistes. L’injonction au vote utile était permanente et maintenant nous faisons face à des politiciens moralisateurs reprochant le choix à certains de refuser de participer à cette illusion de démocratie que sont les élections. Les injonctions ciblant principalement les militants peut-on vraiment leur reprocher de refuser ce système politique en ne donnant pas sa voix tout en, la plupart du temps, luttant de bien d’autres manières ?


L’énergie déployée pour culpabiliser les gens et les pousser au vote ne pourrait-elle pas être utilisée à des fins plus révolutionnaires ? Nous devons lutter pour faire changer les choses, c'est maintenant que tout se joue. Au vu du résultat de ce premier tour, arrêtons de croire dans cette illusion de démocratie, nous ne pouvons pas attendre 5 ans de plus, il est plus que temps de s’organiser, de se syndiquer, de lutter afin de réduire à néant ce système, de le détruire de la meilleure des façons, par la rue, par l’action directe et surtout par la lutte collective.






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