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Réforme des retraites, on hausse le ton ?

Voilà plus d’un mois que la mobilisation contre la réforme des retraites est lancée. Dès les premiers jours, des cortèges massifs déferlent dans les rues. Des chiffres ahurissants tombent, 1 million lors de la première date de grève, 2 millions pour la suivante. Au-delà de son aspect anti-social, cette réforme, par le passage de la retraite à 64 ans et la suppression des régimes spéciaux, attaque, une fois de plus, nos conquis sociaux.

De suite le ton est donné, cette bataille des retraites s’annonce comme une course d’endurance et les différents acteurs des mobilisations sociales prennent leur place dans cette pièce de théâtre tragi-comique. Afin de ne pas -supposément- fatigué la base, les syndicats professionnels ne donnent pas de date de mobilisation trop rapprochées. De leur côté, les syndicats étudiants appellent à des mobilisations dans les universités mais sont obnubilés par le fait de savoir qui contrôlera le mouvement sur les facs. Enfin, les politiciens de la NUPES se mettent en valeur dans de grandes campagnes de communication, des meetings flamboyants afin de draguer leur électorat mais leur action s’arrête là.

Au milieu de tout ceci, le gouvernement s’amuse, de nouveaux articles de loi passent pour faire accélérer le débat, mais dans le même temps la mobilisation, elle, n'accélère pas proportionnellement.


La comparaison avec 2019 est de mise. Malheureusement, décembre 2019 semble bien loin. En effet, le nombre de manifestants dans les rues n’était peut-être pas aussi fort qu’aujourd’hui, mais la mobilisation était plus dure.

En 2019 nous avions assisté à une convergence entre gilets jaunes, autonomes et syndicats. Cette convergence lors des dates de mobilisation permettait d’avoir des manifestations plus offensives. Les manifestations sauvages après la marche syndicale étaient légion et étaient suivies massivement. La base débordait régulièrement les syndicats et donnait le ton aux manifestations, les blocages en tout genre étaient courants, souvent accompagnés d’action directe. En quelques mots, le climat social était explosif en France.

Aujourd’hui, hormis dans de rares villes où quelques tags et débordements ont lieu, les manifestations sont d’une nature plus calme. Les rares actions directes qui sont faites sont orchestrées par des secteurs précis comme l’énergie, qui coupent régulièrement le courant des permanences des députés Renaissances, ou bien qui allègent la facture des petits commerçants, voire coupent même certains radars.

Il est néanmoins triste de constater qu’aujourd’hui, après 1 mois de mobilisation, le pays n’est toujours pas paralysé. Hormis quelques rares ports et dépôts, les blocages économiques sont rares. Pourtant, les mobilisations précédentes ont démontré à mainte reprise que seul le blocage économique total peut faire plier le gouvernement.



Il convient, suite à ce constat amer, de tout de même féliciter les villes où la mobilisation prend, où des actions directes ont lieu, et où les manifestations ne ressemblent pas à des promenades dominicales. Il est nécessaire d’espérer que ces villes sauront montrer l’exemple à suivre pour les prochaines dates de mobilisation.


Cependant il est également nécessaire de se demander comment nous en sommes arrivés là ? Comment sommes nous passé de grèves dures, de mobilisations spontanées des travailleuses, travailleurs et de la jeunesse à ce que nous vivons aujourd’hui, à ce sentiment de découragement global s’emparant de la masse et dégageant une certaine lassitude. Ce résultat, nous le devons tout d'abord à plusieurs années de bureaucratie syndicale déconnectée de la base. Que ce soit les syndicats professionnels qui se ramollissent avec les années et perdent des syndiqués, ou bien les syndicats étudiants nationaux, qui font face aux carriérisme de leur cadre dont le seul but est d'obtenir un poste de député ou autre quelconque poste de pouvoir.

Mais d'autres facteurs peuvent aussi expliquer ces manifestations moins fougueuses qu'il y a quelques années : le peuple est fatigué par les offensives perpétuelles du gouvernement. Ce mouvement témoigne d’une forme de résignation.

Cette perte d'espoir, sonne comme une réponse à une réalité de plus en plus difficile : sortie d'une pandémie isolante cassant toute forme de mouvements sociaux, précarité qui devient irrespirable pour beaucoup, répression de plus en plus violente des forces de l'ordre…

Paradoxalement, le climat semble de plus en plus électrique. Petit à petit, à force de précariser les plus précaires, ils n'auront plus rien à perdre et tout à gagner, mais à l'heure actuelle chacun essaie (encore) de lutter pour survivre dans ce système.


Une lueur d’espoir apparaît tout de même, ces dernières semaines, les syndicats nationaux ont sorti des communiqués appelant à la grève générale reconductible à partir du 07 mars mais surtout à une paralysie totale du pays pour durcir le mouvement.

Ce 07 mars est une date qui a pour ambition de faire pencher la balance dans ce mouvement mais n'arrive-t-elle pas trop tard ?


La base doit, aujourd’hui, dépasser la vieille gauche bureaucrate si elle veut espérer repousser la réforme des retraites et obtenir plus encore. La base doit renouer avec les pratiques offensives connus lors du mouvement des gilets jaunes : les d’action directes, les sabotages, qui portent leurs fruits et arrivent à faire trembler l’État. Ce n’est qu’en radicalisant nos luttes, que nous obtiendront gain de cause. Le mouvement des gilets jaunes nous a appris bien des méthodes de luttes, servons en nous et répandons les sur nos lieux d’études, sur nos lieux de travail, sur nos lieux de vie, de lutte. Aujourd’hui, il est temps d’hausser le ton et de rentrer réellement en confrontation avec le gouvernement -avant qu’il ne soit trop tard- et ce par tous les moyens possibles : grèves, blocages, manifs sauvages !





Crédit photo : AFP - Firas Abdullah / ANADOLU AGENCY

Héloïse Thépaut

FRED TANNEAU / AFP

Alain JOCARD / AFP

Photo Progrès/Anne-Laure WYNAR


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