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  • labarricadejournal

Le Sri Lanka s'enflamme !

Dernière mise à jour : 17 mai 2022


Comme nous en parlions dans notre article à propos du 1er Mai à travers le monde, le Sri Lanka traverse actuellement la pire crise économique de son histoire. Depuis quelques jours, la situation vire à l’insurrection : plusieurs résidences de ministre ont brûlé, et les personnes de pouvoir sont traquées à travers l’île.



Pour comprendre la crise au Sri Lanka, il faut revenir sur les causes qui ont mené à celle-ci, et notamment la situation politique singulière du pays.



Le Sri Lanka connaît une situation politique singulière et depuis 50 ans, une révolte divise le pays entre deux ethnies : les Tamouls (qui représentent 20% de la population) et les Cinghalais. Les Tamouls répartis majoritairement au nord et nord-est du pays se sont rebellés dans les années 1980 avant d'être matés par l'Etat en 2009. Durant plusieurs dizaines d’années, les Tamouls situés à l’extrême gauche de l’échiquier politique ont réussi à administrer et contrôler une partie de l’île notamment le nord et le nord-est; regroupés sous le nom des Tigres de libération de l’îlamn Tamoule. Tout bascule en 2009 lorsque l’Etat lance une vaste opération militaire ne se souciant pas des pertes civiles. Des rumeurs font même état d’armes chimiques utilisées à l’encontre des civils habitant dans les villes rebelles. Suite à ce génocide, les quelques survivants Tamoul se regroupent et créent un parti : le TNA (Alliance nationale Tamoul).

Il est à noter que le Sri Lanka est l’un des rares pays encore socialiste dans sa constitution, ce qui n’empêche aucunement la discrimination raciale étatique. Du côté de la politique institutionnelle du pays, plusieurs partis se battent le pouvoir : d’un côté la droite boudhiste, libérale économiquement mais progressiste sur le plan des droits entre les différentes communautés de l’île ;de l’autre la gauche cinghalaise, se revendiquant marixste mais extrêmement violente au niveau des ethnies.

Actuellement le premier ministre du pays est Mahinda Rajapakse. Ce dernier était également Président du pays en 2009 lorsque les massacres contre les tamouls ont été commis. Le Président actuel, lui, n'est autre que Gotabaya Rajapaksa, le frère cadet du premier ministre.



C’est dans ce contexte explosif qu’une insurrection est en cours. Des manifestations se déroulent depuis fin mars dans le pays et notamment dans la capitale, Colombo, afin de demander la démission du président face à son incapacité à résoudre la crise économique. Depuis plusieurs jours et suite à une grève générale le 5 mai paralysant l’ensemble du pays, la situation a dégénéré. Lundi, l’étincelle s'est produite lorsque des manifestants campant pacifiquement devant la résidence du Premier ministre se sont fait attaquer par des partisans du pouvoir à coups de matraques. La police protégeant les agresseurs lorsque les manifestants voulaient se défendre. Suite à cette attaque, les manifestants sont passés à l’action en incendiant ou endommageant 103 maisons et 88 véhicules, la plupart appartenant à des ministres, députés ou politiciens, l’une des maisons appartenant au premier ministre. Le bilan humain est très élevé, au moins 5 morts et 189 blessés. Les responsables de ces meurtres et de ces blessés sont des membres et des partisans du gouvernement. Des coups de feu auraient été tirés depuis la résidence du premier ministre alors que des manifestants s’y introduisaient.

Un député du parti au pouvoir s'est suicidé après avoir tiré sur deux manifestants. Dans une autre ville, deux autres manifestants sont également décédés après qu’un membre du parti au pouvoir leur ait tiré dessus. Ces événements ont entraîné la démission du premier ministre lundi. Ceci n’a pas calmé la situation qui reste très tendue. Aujourd’hui, notamment à Negombo dans l’ouest du pays, les autorités ont prolongé le couvre-feu, déployé l'armée et ordonné de “tirer à vue”.



La situation n’est pas prête de se calmer au Sri Lanka, l’insurrection fait rage et le peuple ne veut qu’une chose : chasser cette dynastie familiale du pouvoir. Les partisans du pouvoir et les membres du gouvernement ne sont pas prêts à relâcher la violence envers les manifestants, cependant la détermination du peuple Sri Lankais et la radicalité dont il use, peuvent leur permettre de faire aboutir cette insurrection afin de renverser l'État. Nous ne pouvons que souhaiter au peuple Sri Lankais de triompher de cette dynastie, de cet État, et si cela doit être par l’insurrection, alors soit, que l’insurrection triomphe !



crédit photo : AP/AFP/crédit inconnu/Reuters



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